Marchés Financiers

04/04/2022 : Crise en Ukraine

Cinq semaines après le début du conflit, la situation reste toujours aussi tendue et incertaine en Ukraine. Après un recul dans les négociations pour mettre fin à la guerre, Moscou a annoncé un cessez-le-feu le feu à Marioupol le 31 mars pour évacuer les civils. Par ailleurs, les troupes russes se repositionnent vers l’est du pays et se concentrent sur la région du Donbass. Toutefois, le président ukrainien Volodymyr Zelensky reste prudent et Washington avertit qu’il ne pourrait s’agir que d’un redéploiement et non d’un retrait russe. 
En parallèle, Moscou organise sa riposte face aux sanctions massives décidées par les Occidentaux. Vladimir Poutine a signé jeudi un décret stipulant que ses clients européens devront, à compter du 1er avril, payer leurs achats de gaz en roubles. 
Après le sommet européen, celui du G7 et celui de l’OTAN, le sommet annuel Union européenne-Chine s’est tenu ce vendredi dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et par le soutien tacite de Pékin envers les actions de la Russie.
L’exil des Ukrainiens se poursuit à un rythme soutenu. Ce sont désormais 4 millions de personnes qui ont, à ce jour, quitté leur pays.

Quelles perspectives pour les marchés ?

Les marchés ont adopté ces derniers jours un ton plus constructif ou, du moins, laissent entrevoir des signes de stabilisation. Depuis le début du conflit, l’indice américain S&P 500 progresse nettement (+7,22%) tout comme le Nikkei 225 japonais (+5,19%) tandis que les bourses européennes et émergentes restent à la traîne (-1,78% pour le CAC 40 ; -1,78% pour l’Eurostoxx 50 et -5,39% pour le MSCI Marchés émergents)*. Sur le front obligataire, les taux d’intérêt à long terme remontent, le taux à dix ans sur les obligations du Trésor américain passant de 1,5% fin 2021 à près de 2,5% fin mars 2022, sur fond de normalisation de la politique monétaire de la Réserve fédérale. Les matières premières restent sous pression tandis que les marchés des devises sont globalement stables. 

*Performances au 31 mars 2022.

 

Quels impacts sur les perspectives macroéconomiques ? 

Alors que les négociations entre la Russie et l'Ukraine restent difficiles, l'attention des investisseurs s'est déplacée vers les dynamiques inflationnistes et sur la façon dont les banques centrales cherchent à les combattre. L'inflation dans la zone euro a progressé à 7,5% sur un an en mars (contre 5,1% en janvier) tandis qu'aux Etats-Unis, elle avoisinait 8% en février, soit un plus haut depuis 40 ans (bien que la situation économique outre-Atlantique soit plus robuste qu’en Europe).

Jusqu'à présent, l'économie américaine a été particulièrement résiliente. Au quatrième trimestre 2021, la croissance du PIB des États-Unis a atteint 6,9% en rythme annualisé, dopée par les dépenses de consommation des ménages (+7,9%). L’année 2022 a débuté sur fond de craintes liées au variant omicron et à l'impact potentiel sur l'économie d'éventuelles restrictions pour limiter la propagation du virus. Toutefois, l’amélioration de la situation sur le plan sanitaire a relégué la question du covid-19 au second plan et l’attention des investisseurs s’est concentrée sur d’autres thèmes comme celui de l’inflation. Après avoir longtemps réaffirmé le caractère transitoire du phénomène, la Réserve fédérale américaine a finalement dû reconnaître que l'inflation était susceptible de se maintenir à un niveau durablement élevé. La guerre russo-ukrainienne a naturellement exacerbé cette tendance. La croissance américaine devrait vraisemblablement ralentir en raison du ralentissement de la consommation liée à la progression des coûts énergétiques et de la tendance à la hausse des prix, diffuse un peu dans tous les secteurs et notamment l'immobilier. La situation du consommateur américain est toutefois meilleure aujourd’hui qu’avant la crise pandémique : le stock d'épargne a sensiblement augmenté, le marché du travail est particulièrement robuste, les salaires affichent une croissance saine. Nous pouvons donc anticiper une certaine forme de décélération de l'économie, mais pas une récession. Par ailleurs, le secteur manufacturier devrait demeurer solide compte tenu de la reconstitution des stocks, notamment dans le secteur automobile. Notons, du côté des dépenses publiques, qu’il reste des ressources à mettre en œuvre dans le cadre des plans de relance budgétaire approuvés l'année dernière, auxquelles s'ajoutent celles que peuvent dépenser les collectivités locales. Le reliquat des dépenses des consommateurs, la force du secteur manufacturier, les dépenses gouvernementales et la reconstitution des stocks devraient être autant de facteurs de soutien à l'économie américaine. La croissance aux Etats-Unis devrait, selon nos anticipations, atteindre 3,1% en 2022.

La guerre a un impact majeur sur l'économie européenne, aussi bien en termes d’exposition directe (la Russie était, en 2020, le cinquième partenaire commercial de l’Union européenne) ou indirecte (grande vulnérabilité de l’UE en matière d'approvisionnement énergétique, la Russie étant le principal fournisseur de pétrole, de gaz naturel et de carburants fossiles). Ces éléments nous ont conduits à revoir nos prévisions de croissance du PIB de la zone pour 2022, que nous estimons désormais autour de 2,3%, en repli de 1,5 points par rapport à notre estimation d’avant la crise, en raison de la baisse de la consommation et de l'investissement. Selon nous, l'inflation devrait atteindre 6,3% en moyenne sur cette année (contre 6,9% aux Etats-Unis), tirée par la hausse des prix des matières premières et par les perturbations des chaînes d'approvisionnement. La zone se retrouve donc confrontée au risque de stagflation, ce qui affectera l'action de la Banque centrale européenne (BCE). La politique budgétaire va, de notre point de vue, jouer un rôle central dans cette crise et les gouvernements européens sont en phase pour mettre en œuvre des politiques de stabilisation ciblées.  

Nous avons par ailleurs révisé à la baisse nos prévisions de croissance de l'économie chinoise à 4% en 2022 en raison notamment de l'évolution de la pandémie dans le pays. Les autorités chinoises ont confirmé leur volonté de lutter contre la propagation du covid-19 par des politiques de tolérance zéro. À cet égard, le récent confinement à Shenzhen et à Shanghai a des répercussions sur les exportations et la consommation, ce qui aura probablement un impact sur la croissance au premier et au deuxième trimestres. A la différence d’autres économies qui ont commencé à durcir leur politique monétaire, le Chine adopte une politique d’assouplissement pour soutenir l’économie. Nous nous attendons à ce que la croissance réaccélère lentement. Nous prévoyons que les pressions inflationnistes resteront contenues en 2022. Nous pouvons nous attendre à une nouvelle impulsion de la part de la Chine pour atteindre son objectif et, à l’avenir, nous prévoyons une combinaison de baisses supplémentaires des taux et de baisses du taux de réserves obligatoires. En ce qui concerne la politique budgétaire du pays, nous pensons que celle-ci va être plus expansionniste, mais sans excès, car les autorités veulent éviter la surchauffe et la croissance excessive du crédit. Du côté du secteur de l’immobilier, les autorités essayent désormais de stabiliser le marché afin de restaurer la confiance des épargnants. Le risque d’une crise immobilière semble donc se réduire. 

Dans cet environnement, la maîtrise de l'inflation est devenue l'objectif prioritaire des banques centrales, à commencer par la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE). Après avoir longtemps nié la réalité d'une inflation persistante, la banque centrale américaine (Fed) a enfin pris acte que les dynamiques inflationnistes nécessitent, pour être maîtrisées, une intervention décisive. Les pressions inflationnistes aux Etats-Unis résultent à la fois de la hausse des coûts de l'énergie et des hausses de salaires. Le marché anticipe désormais un resserrement supplémentaire de 200 points de base (pb) de la Fed d'ici la fin de l'année et un passage à une politique monétaire restrictive début 2023 (c'est-à-dire au-dessus du taux neutre de 2,5%). Vendredi, le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a exhorté la Banque centrale européenne à réagir face à l'accélération des pressions sur les prix, affirmant que « les données sur l'inflation parlent d'elles-mêmes et que la politique monétaire ne devrait pas laisser passer l'occasion de contre-mesures opportunes ». Le marché anticipe désormais 100 pb de hausses de taux par la BCE au cours des 12 prochains mois. 

Quelles conséquences en matière d’investissement ?

Les marchés financiers connaissent régulièrement des phases de stress. Dans ces périodes, il est particulièrement important de ne pas sur réagir et de s’assurer que ses décisions de gestion restent bien alignées avec ses objectifs et son horizon. L’intérêt de la diversification de son épargne prend tout son sens dans les phases de marchés financiers agitées.
Dans les moments de forte incertitude comme de fortes variations à l'image de ceux que nous traversons, il est d’autant plus essentiel pour l'épargnant de garder en ligne de mire ses objectifs long terme, de se référer à son horizon de placement et d’éviter les biais comportementaux.

 

Définitions :

Assouplissement quantitatif : l’assouplissement de la politique monétaire correspond à la baisse des taux directeurs, permettant l’accès à des crédits moins onéreux pour les particuliers ou les entreprises ou à de la création de monnaie centrale sous forme de prêts consentis aux banques commerciales afin de faciliter le financement de l’économie. Une partie de cette monnaie peut aussi servir à l’achat d’obligations publiques ou privées afin de faire baisser les taux d’intérêt sur le marché obligataire. La banque centrale peut aussi acheter des parts de fonds actions ou de fonds immobiliers afin de faire monter les cours des actions et de l’immobilier. Le bilan de la banque centrale augmente à due proportion de ces interventions. Les objectifs sont d’augmenter le niveau de croissance économique, de lutter contre la déflation mais aussi de soutenir les prix des actions et de l’immobilier pour créer un « effet richesse » qui renforce la confiance des épargnants et les incite à consommer et investir. Enfin cette création monétaire contribue à l’affaiblissement de la monnaie, ce qui favorise les exportations.

CAC 40 : indice boursier créé en 1987, établi à partir des quarante valeurs les plus actives du marché français des actions et représente environ 70% de la capitalisation totale de la Place de Paris.

Eurostoxx 50 : indice boursier, créé en 1999, établi à partir du cours des cinquante valeurs européennes les plus représentatives des pays de la zone euro.

Fed funds : correspondent aux prêts que les banques américaines se font les unes envers les autres pour répondre aux exigences de réserves obligatoires fixées par la Réserve fédérale. Ces prêts sont effectués pour des durées de 24 heures. Les banques qui ont des excédents les prêtent aux banques qui sont en déficit de trésorerie. Les liquidités empruntées sont placées auprès de la Réserve fédérale pour répondre au niveau de réserve quotidien de chaque banque. Le taux d'intérêt pratique quotidiennement sur ce marché est appelé le taux des Fed Funds

FOMC : le Federal Open Market Committee est la branche de la Réserve Fédérale en charge des décisions de politiques monétaires à court et long terme.

Inflation : hausse générale des prix des biens et services en circulation dans un pays et sur une période donnée. L'inflation se traduit par un phénomène d'augmentation générale des prix et peut ainsi entraîner une baisse du pouvoir d'achat et de la monnaie. Au contraire, la déflation est le phénomène d'une baisse généralisée et durable du niveau des prix. Pour mesurer le taux d'inflation, l'Insee s'appuie notamment sur l'Indice des prix à la consommation (IPC).

Liquidité : capacité et rapidité avec laquelle il est possible d’acheter ou de vendre un actif sur un marché sans que les prix du support n’en soient fortement affectés. La notion de liquidité s’applique à l’ensemble des actifs bancaires, financiers, … Pour beaucoup d'acteurs économiques, la liquidité mesure la capacité à assumer ses différentes échéances financières à court terme dans le cadre de son activité courante. L’insuffisance de liquidités peut conduire à des situations de cessation de paiement.

Nikkei 225 : indice boursier de la bourse de Tokyo.

OTAN : l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord est l'organisation politico-militaire mise en place par les pays signataires du traité de l'Atlantique Nord afin de pouvoir remplir leurs obligations de sécurité et de défense collectives.

Volatilité : mesure l'amplitude de la variation de la valeur d'un actif pendant une période donnée. Une volatilité importante traduit généralement une forte exposition au risque. Lorsque la volatilité est élevée, la possibilité de gain est importante, mais le risque de perte l'est aussi. 

Informations importantes :

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