Marchés Financiers

21/04/2023 : Le point sur les marchés financiers

En avril, l’économie continue de montrer quelques signes de ralentissement  principalement aux Etats-Unis, tout en restant pour l’heure modéré. Les tensions exercées sur le secteur bancaire durant le mois de mars ont été perçues comme susceptibles de peser sur l’offre de crédit au cours des prochains mois, mais la non propagation de cette crise à l’ensemble du secteur financier au niveau mondial a rassuré les marchés.

Zone Euro :

L’économie de la zone euro a connu un début d’année nettement moins mauvais qu’attendu, sur fond d’atténuation des difficultés d’approvisionnement en énergie et de réouverture de la Chine. Cependant, l’inflation élevée est restée un défi majeur, auquel s’est ajoutée en cours de mois la crainte de nouvelles tensions financières dans la foulée des faillites bancaires survenues aux Etats-Unis et en Suisse. Les chiffres parus en cours de mois ont été mitigés : les grands indicateurs du climat des affaires ont été bons dans les services, mais ont signalé une faiblesse prolongée dans l’industrie. Le chiffre de l’inflation de mars a surpris à la baisse (6,9% sur 12 mois, après 8,5% en février) mais l’inflation sous-jacente a encore légèrement accéléré pour atteindre un nouveau plus haut historique (5,7%, après 5,6% en février).

Etats-Unis :

Aux Etats-Unis, le resserrement monétaire rapide de la Fed commence à faire sentir ses effets sur l’activité réelle. Déjà visible, la détérioration significative de l’économie devrait se transformer en récession au deuxième trimestre. Le rapport sur l’emploi fait état de moindres tensions sur le marché du travail. En effet, l’enquête entreprises cite 236 000 créations d’emplois non-agricoles en mars (chiffre le plus faible depuis décembre 2020). On note également une forte baisse du nombre de postes ouverts en février : le ratio du nombre de postes ouverts par chômeur (très regardé par la Fed), baisse à 1,67, au plus bas depuis plus d’un an : c’est le signe qu’un lent rééquilibrage du marché du travail est en marche. Les enquêtes ISM se sont détériorées au mois de mars, ressortant en dessous des attentes, ce qui est mauvais signe pour la croissance américaine. Du côté de l’inflation, l’indice des prix à la consommation (IPC) global a progressé de 5,0% en glissement annuel (contre 6,0% en février). Cette décélération s’observe également en variation mensuelle, cette mesure passant de 0,4% en février à 0,1% en mars. L’inflation sous-jacente, en revanche, a augmenté de 5,5% à 5,6% en variation annuelle, avec une légère décélération de la dynamique mensuelle (de 0,5% à 0,4%).  C’est la première fois depuis janvier 2021 que l’indice sous-jacent est plus élevé que l’indice global, une tendance, qui, selon nos prévisions, devrait se poursuivre pendant plusieurs mois.

 

Chine :

En Chine,  l’indice PMI publié par Caixin montre une activité qui stagne dans le secteur manufacturier et un rebond qui se confirme dans les services (57,8 en mars après 55,0 en février) avec une demande qui se raffermit à la fois du côté domestique et en provenance de l’étranger.

L’inflation (CPI) ralentit une nouvelle fois, à +0,7% en mars pour l’inflation totale, notamment en raison du ralentissement de l’inflation alimentaire. L’inflation sous-jacente progresse d’un dixième, à +0,7%, mais reste très basse.

 

RETOUR SUR LES PRINCIPALES CLASSES D’ACTIFS

Banques Centrales :

Le compte rendu du comité de politique monétaire de la Réserve Fédérale américaine du mois de mars, qui s’était tenu quelques jours après la faillite de SVB, a souligné qu’une grande incertitude prévalait alors. Depuis, le marché a été rassuré sur le fait que le stress bancaire était resté idiosyncratique et non systémique. Cela renforce donc les marges de manœuvre de la FED pour effectuer une dernière hausse des taux en mai, et clôturer ainsi ce cycle de resserrement monétaire. Les conditions de la désinflation continuent de se matérialiser sur le front de l’immobilier, de la logistique et de l’énergie mais il est encore trop tôt pour considérer que la boucle prix-salaires se normalise. Le marché du travail américain demeure en effet solide, empêchant le recul marqué de l’inflation sous-jacente, et devrait inciter la FED à conserver ses taux directeurs en territoire restrictif encore plusieurs mois avant d’entamer un nouveau cycle de baisse des taux.

La Banque Centrale Européenne est en retard sur son cycle de resserrement monétaire qui n’est donc pas terminé, comme l’a souligné Christine Lagarde qui a écarté tout changement de cible d’inflation, en précisant que le retour vers 2% de taux d’inflation sous-jacente reste la priorité. Un message qui a été relayé par de nombreux membres de la BCE provoquant ainsi une hausse des anticipations de marché sur le point haut des taux directeurs qui atteindraient 3,75% en septembre prochain (versus 3% actuellement). Le resserrement monétaire reste donc d’actualité malgré les incertitudes actuelles sur la conjoncture.

 

Taux :

Depuis début avril les marchés ont retrouvé un certain appétit pour le risque, affichant un optimisme avec l’apaisement des tensions bancaires et accréditant un scénario de résilience de la croissance en Europe et aux US alors que l’économie chinoise repart vigoureusement. Ce contexte a plutôt favorisé les obligations privées qui ont de surcroît bénéficié d’un certain soulagement après les turbulences du mois de mars sur les valeurs bancaires. Les obligations souveraines ont en revanche affiché une tension marquée de leur rendement en lien avec des anticipations revues en hausse sur les taux directeurs des Banques Centrales. Les obligations d’Etat à 2 ans particulièrement corrélées à la politique monétaire ont enregistré une remontée plus forte de leur taux à respectivement 2,95% et 4,25% en Allemagne et aux US. La volatilité s’est inscrite en baisse depuis un mois. Le marché primaire semble attirer davantage les investisseurs sur la période récente avec une hausse des volumes d’émissions notamment financières. Nous maintenons notre vue favorable pour les obligations d’Etat américaines qui ne devraient pas enregistrer de tension supplémentaire de leur rendement, notamment sur la partie plus longue de la courbe. Nous maintenons au sein de la zone euro une préférence pour les obligations souveraines espagnoles et portugaises au détriment de la France. Enfin nous conservons une attitude prudente sur les obligations privées en étant sélectifs sur la qualité et la liquidité de l’émetteur.

Actions :

Sur les marchés d’actions, le début du mois d’avril s’inscrit dans la ligne droite du rebond post crise bancaire entamé après l’intervention des autorités bancaires aux Etats-Unis, puis le rachat de Crédit Suisse par UBS.

Ainsi, au 19 avril 2023, l’Euro Stoxx 50 progresse de +1,97% sur le mois, soit un rebond de près de 10% par rapport au point bas du mois de mars, et de +16,40% depuis le début de l’année. L’indice CAC 40 a d’ailleurs atteint un record historique à 7 549,44 points en clôture du 19 avril 2023. Quant aux actions américaines, le S&P 500 progresse depuis le début du mois de +1,15% et affiche désormais une performance de +8,59% par rapport au début d’année (en devise locale). Enfin l’indice Nasdaq 100 continue de bénéficier d’une certaine stabilisation des taux longs et de l’attrait des investisseurs pour les valeurs aux bilans et aux perspectives de croissance les plus solides comme Microsoft et Apple, dans un contexte d’incertitude sur le niveau d’activité dans les prochains mois. L’indice affiche ainsi une performance de +19,86% depuis le début l’année (en devise locale).

Au niveau sectoriel, les valeurs bancaires ont aussi poursuivi leur rebond, aidées par l’apaisement des craintes sur la stabilité du système bancaire. En zone euro, le secteur de la consommation discrétionnaire a quant à lui été porté par la publication de très bons résultats au 1er trimestre 2023 de LVMH. De façon générale en zone euro, les secteurs cycliques ont rebondi par rapport à la mi-mars, et les valeurs défensives, en relatif, ont connu de moins bonnes performances.

 

Nous continuons toutefois de penser que le marché sous-estime la probabilité que le cycle historique de resserrement des conditions financières entamé par la Fed et la BCE ne conduise à un ralentissement économique.  Nous conservons donc un positionnement prudent avec une sous-exposition globale sur les actions, avec cependant une position surpondérée sur les marchés d’actions émergentes qui voient une meilleure perspective de croissance des bénéfices, portés en particulier par la dynamique de réouverture en Chine. Sur le plan sectoriel, nous avons d’ailleurs décidé d’accroitre notre exposition au secteur de l’alimentaire et des boissons en Europe, qui devrait être favorisé par la dynamique du consommateur chinois.

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