Le point sur les marchés financiers septembre 2025

Mercredi 10 septembre 2025

Marchés Financiers

En août, la dynamique économique mondiale est restée solide malgré la guerre commerciale et l’instabilité géopolitique. Aux Etats-Unis, la croissance de l’économie est restée robuste, même si le niveau d’inflation reste trop élevé par rapport aux objectifs long terme de la FED (Réserve Fédérale). En Europe, la croissance se poursuit mais à un rythme moins soutenu, tandis que l’Asie demeure la zone la plus dynamique avec un Japon qui continue de surprendre positivement. Les investisseurs ont anticipé des baisses de taux directeurs en septembre, soutenant les actions malgré les prises de profits sur les valeurs technologiques. Toutefois, la baisse du dollar et la hausse de taux d’intérêt à 30 ans témoignent des doutes des investisseurs sur les perspectives à moyen terme.

  

Quelles perspectives pour les marchés ?

Zone Euro

Les tendances observées en juillet se sont confirmées en août avec une stabilisation des indicateurs dans l’industrie manufacturière et une amélioration dans les services. L’indice IFO1 des conditions d’activité en Allemagne a poursuivi sa progression  en août et la croissance du PIB de la zone euro a été confirmée à 1,4 % au 2e trimestre (en variation annuelle). Les prévisions de croissance ont néanmoins été revues  à la baisse après un accord douanier avec les Etats-Unis plutôt défavorable aux exportateurs européens (15 % de taxe sur la plupart des biens), un euro plus fort et une nouvelle phase d’instabilité politique en France. Le taux de chômage de la zone euro s’établissait à 6,2 % en juin et en juillet en ligne avec les prévisions. 

L’inflation s’est maintenue autour de 2 % sur un an (ICPH2 flash juillet) avec une contribution négative des prix de l’énergie et de fortes disparités régionales :  inférieure à 1 % en France mais 2,7 % en Espagne et 1,8 % en Allemagne. Dans ce contexte d’un risque de ralentissement, la BCE, qui a déjà abaissé  son taux de dépôt à 2 % en juin pourrait le baisser à nouveau le 11 septembre.

Sur le plan politique, l’instabilité en France s’est encore renforcée après l’annonce surprise du Premier ministre François Bayrou de la tenue d’un vote de confiance qui a entraîné la chute de son gouvernement. Le Président Emmanuel Macron va devoir nommer un nouveau Premier ministre, le cinquième en deux ans.

  

 

Zone États-Unis

L’économie américaine a maintenu son dynamisme en août malgré les changements opérés par l’administration Trump et le maintien d’une politique monétaire restrictive. Le PIB a progressé de 3,3 % au 2e trimestre (dépassant les attentes après la contraction du 1er trimestre), tiré par  la consommation et l’investissement productif. Les commandes de biens durables en juillet ont été solides. Les ventes de détail étaient en hausse de 3,9 % en juillet (variation annuelle). Les données de l’emploi en août ont confirmé un ralentissement de l’économie américaine, avec des créations d’emplois mensuelles en dessous des attentes et un taux de chômage en légère hausse à 4,3 %.

L’inflation s’est maintenue pendant l’été avec un indice des prix en hausse de 0,3 % en variation mensuelle en juillet, en phase avec les attentes, et un taux annuel de 2,7 %. L’inflation PCE3 (mesure de la Fed) pour le mois d’août était globalement conforme aux attentes (PCE Cœur +0,27 % en glissement mensuel, +2,9 % en glissement annuel). Enfin, les anticipations d'inflation à 5-10 ans ont été révisées à la baisse de 3,9 % à 3,5 %. En revanche, les prix à la production ont augmenté de 0,9 % en juillet par rapport à juin, rebondissant après une stagnation et dépassant les attentes. Il s’agit de la plus forte hausse des prix à la production depuis juin 2022. La hausse des droits de douane est donc bien transférée dans l’économie, mais mettra du temps à toucher le consommateur américain.

 

 

Zone Chine

La croissance du PIB atteint 5,2 % au 2e trimestre (en glissement annuel). Mais, le contexte reste déflationniste avec l’indice des prix à la consommation qui stagne à 0 % en juillet et des prix à la production qui baissent de -3,6 % (en variation annuelle). Les prix de l’immobilier poursuivent leur baisse et les prix des logements neufs ont perdu 2,8 % (en glissement annuel en juillet après -3,2 % en juin). Les ventes de détail sur juillet sont ressorties en dessous des prévisions à 3,7 % et le taux de chômage progresse légèrement a 5,2 % en juillet (contre 5 % en juin). La banque centrale maintient une politique accommodante afin de relancer le crédit.

 

Retour sur les principales classes d'actifs

Politique monétaire des Banques Centrales

Le symposium de Jackson Hole aura permis une nouvelle fois aux banquiers centraux de donner un cap pour la politique monétaire. Dans son discours à la conférence des banquiers centraux, Jerome Powell a ouvert la porte à une baisse de taux en septembre. Pour lui, les « risques baissiers pour l’emploi » ont augmenté et pourraient se concrétiser par « des licenciements beaucoup plus élevés et une hausse du chômage ». Il a explicitement souligné que le scénario central de la Réserve Fédérale américaine considère que les droits de douane n’auront qu’un effet passager sur l’inflation.

Il y a là une priorisation claire de l’objectif de plein emploi par rapport à celui de stabilité des prix. La tonalité de son discours valide donc une baisse des taux dès septembre. Les attentes du marché sont également très fortes pour l’année prochaine, anticipant un taux des Fed Funds à 2,85 % fin 2026, soit une détente de 150 points de base par rapport au niveau actuel. Les banques centrales sont à des stades différents de leur cycle monétaire.

En Europe, la BCE, s’approche de la fin de son cycle baissier, après huit baisses de taux en un peu plus d’un an. Le symposium de Jackson Hole a été l’occasion pour Christine Lagarde de réaffirmer la résilience du marché de l’emploi européen et les effets positifs des flux migratoires sur la croissance, permettant ainsi plus d’attentisme avant de poursuivre éventuellement le cycle de détente des taux directeurs. D’ailleurs, le marché n’anticipe presque plus de baisse sur un horizon un an. 

La Banque Centrale du Japon, quant à elle, a amorcé un tournant historique avec ses premières hausses en près de deux décennies. Le gouverneur de la BoJ s’attend à des pressions inflationnistes plus fortes provenant du marché du travail, justifiant alors d’autres hausses de ses taux.

 

Marchés obligataires

En zone euro, les taux souverains allemands à 2 ans ont très légèrement progressé depuis deux mois, en lien avec la pause attendue sur les taux directeurs du côté de la BCE. Sur la partie plus longue, le Bund à 10 ans s’est montré plus volatil évoluant entre 2,60 % et 2,80 % au gré des nouvelles macroéconomiques. Récemment, les statistiques décevantes de créations d’emplois aux US ont permis un recul du rendement du Bund qui s’inscrit à 2,65 %. En France, la situation politique continue de peser sur les spreads souverains, ainsi la prime de risque OAT / Bund (taux d’emprunt d’Etat français moins taux d’emprunt d’Etat allemand à 10 ans) a continué d’augmenter pour atteindre +0,82 %. 

Le marché redoute la progression de la dette française qui pourrait entrainer une nouvelle dégradation de sa notation. La France paye désormais ses emprunts à 10 ans plus cher que la Grèce, et presque autant que l’Italie, reflet du risque de réduction des efforts budgétaires et d’un manque de visibilité politique. Le Portugal en revanche, a eu sa note relevée de A à A+ par S&P, en lien avec la bonne performance économique et budgétaire du pays. Aux Etats-Unis, les rendements souverains se sont détendus plus particulièrement sur la partie courte de la courbe (-0,40 % à 3,51 % aujourd’hui sur le 2 ans) qui réagit aux anticipations de baisse des taux directeurs.

Sur le marché des émetteurs privés, on note un marché primaire très actif depuis la fin du mois d’août. Les entreprises ont attendu la fin de la période estivale pour lancer leurs émissions obligataires qui ont rencontré une forte demande, maintenant ainsi les spreads de crédit sur un niveau historiquement serré.

Notre gestion : 

Nos portefeuilles affichent toujours une sensibilité aux taux d’intérêt supérieure à leur indice de référence. D’un point de vue géographique nous avons maintenu notre surpondération sur l’Italie, l’Espagne et le Portugal au détriment de la France dont l’incertitude politique et budgétaire n’est pas levée à moyen terme. Sur la courbe, nous privilégions les segments plus courts au détriment des maturités supérieures à 15 ans, en anticipation d’une poursuite du mouvement de pentification observé cette année. Sur le crédit nous sommes en ligne avec notre indice de référence en étant sélectifs sur la liquidité et qualité des émetteurs. 

 

Marchés actions

Au cours de l’été, les marchés actions ont continué à progresser avec une surperformance notable des marchés américains par rapport au machés émergents et européens. Cette hausse peut s’expliquer par plusieurs facteurs positifs : des données économiques résilientes, une saison de résultats au-dessus des attentes et les accords conclus sur les tarifs douaniers. Les accords avec l’Union européenne et le Japon sont nettement favorables aux Etats-Unis, mais ils sont gérables par rapport aux précédentes menaces, et présentent l’avantage d’offrir plus de visibilité aux entreprises et aux investisseurs. 

La prolongation de 90 jours de l’accord entre la Chine et les Etats-Unis sur les droits de douane a aussi été saluée. L’autre élément qui a permis aux marchés actions de conserver une tendance haussière est clairement l’inflexion du discours du président de la banque centrale américaine, qui a ouvert la porte à une baisse de taux en septembre. Même si Jerome Powell anticipe toujours une hausse de l’inflation à court terme sous l’effet des droits de douane, il n'est pas inquiet quant à l’ancrage durable d'une inflation élevée compte tenu des risques qui pèsent sur le marché du travail. L’emploi devrait donc prendre beaucoup plus de poids que l’inflation dans l’évaluation des risques économiques. Du côté négatif, il faut noter les droits de douane punitifs envers le Brésil, l’Inde et la Suisse ainsi que le recul récent du marché actions français qui pâtit de la crise politique française. Le nouveau Premier ministre nommé devra faire des concessions s’il souhaite passer un budget, ce qui sera défavorable pour la trajectoire du déficit et pose aussi le risque de prolongation de la surtaxation des entreprises ou de relèvement d’autres contributions de ces dernières. 

Comme évoqué plus haut, la saison de résultats pour le deuxième trimestre est en voie d’achèvement avec une croissance des bénéfices par action qui est ressortie au-dessus des prévisions aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. Les valeurs financières en Europe et les grandes entreprises technologiques américaines ont enregistré de solides performances. Les tarifs douaniers ont été un vent contraire, les secteurs touchés par les tarifs continuant de subir des baisses de bénéfices (automobile, ressources de base, chimie, énergie, construction …). Notons quelques révisions sectorielles en hausse dans les loisirs, les financières et les services aux collectivités. Les marges sont restées particulièrement résilientes, mais le change a toutefois constitué un obstacle majeur pour les entreprises européennes, impactant négativement le chiffre d'affaires, tandis que l'inverse s'est produit aux États-Unis. Les perspectives se sont améliorées par rapport au premier trimestre, le brouillard tarifaire commençant à se dissiper. Cependant, la dynamique des bénéfices par action a commencé à diverger entre les États-Unis et l'Europe, cette dernière connaissant encore de modestes baisses d’estimations parmi les valeurs cycliques/exportatrices. 

Dans ce contexte, au 8 septembre, les marchés développés progressent depuis le début de l’année de +14,54 % selon l’indice actions monde MSCI World (en dollar), ceci se traduit par une performance de 0,98 % pour un investisseur européen (indice MSCI World en Euro) compte tenu de la baisse marquée du dollar. L’indice large des actions américaines S&P500 affiche une performance de +11,44 % (en dollar), celui des actions de la zone Euro, l'Euro Stoxx 50 de +11,82 % (en euro) et celui des actions japonaises TOPIX de +14,01 % (en yen). La performance des marchés émergents reflétée par l’indice MSCI Emerging Markets est quant à elle de +20,97 % (en dollar) depuis le début d’année.

Notre gestion :

Au niveau de notre gestion, nous avons conservé une vue constructive et notre surpondération actions mesurée. Nous avons légèrement augmenté notre allocation en privilégiant le marché américain. Le début du cycle de baisse de taux de la FED devrait être favorable au sentiment et les entreprises américaines connaissent, à ce stade, une meilleure dynamique de progression des résultats par rapport aux entreprises européennes. Sur le plan sectoriel, nous avons diminué notre nette surpondération sur les valeurs financières après la forte performance du secteur depuis le début d’année, et nous avons aussi pris des bénéfices dans le secteur de la construction. Au niveau sélection de titres, suite aux publications de résultats, nous avons aussi procédé à des ajustements tactiques dans les secteurs automobile, technologique, la consommation discrétionnaire et celui des services aux collectivités. Nous avons notamment allégé des titres en forte hausse depuis le début de l’année, pour renforcer des titres avec un parcours boursier décevant mais dont les perspectives montrent des signes d’amélioration.
 

1 Indice IFO : L'IFO est un indice montrant l'évolution des conditions économiques en Allemagne.
2 IPCH : L'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) calculé par Eurostat.
3 L’indice PCE : L'Indice des Prix de Base de la Consommation des Particuliers (PCE) aux États-Unis mesure les dépenses en biens et services des ménages, reflétant l’évolution des prix et du poids des différentes dépenses dans le budget des ménages. L’indice « PCE cœur » correspond à l’indice des dépenses de consommation corrigé des éléments les plus volatils de l’énergie.

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